Nasser Lawani, chef projet TERSAA à ETD: « Avec le TERSAA, des producteurs ont ajouté de la valeur à leurs produits agricoles »
Les partenaires locaux de l’ONG Acting For Life (AFL) venus du Togo et du Bénin participent au lancement officiel de la phase 2 du programme TERSAA, Parmi eux, l’ONG togolaise ETD (Entreprise, Territoire et Développement) a travaillé au sud du Togo avec des organisations de producteurs au cours de la première phase du TERSAA. Nasser Lawani, chef projet TERSAA à ETD, nous explique les réussites de son organisation sur le terrain.
Quelles sont les stratégies mises en place pour le transfert de connaissances et le renforcement des capacités des acteurs locaux ?
Pour la mise en œuvre du TERSAA, nous avons débuté avec cinq entreprises, dont trois sont des Entreprises de Services et Organisations de Producteurs (ESOP), possédant des producteurs affiliés. Nous avons axé le transfert de connaissances sur le renforcement des capacités des acteurs de ces entreprises, notamment à travers des formations en gestion entrepreneuriale, un accompagnement dans la contractualisation, et l’élaboration de manuels de procédures pour ceux qui n’en avaient pas, ainsi que l’actualisation de ceux qui en possédaient déjà.
Comment le programme encourage-t-il l’adoption de nouvelles pratiques agricoles durables ?
Le transfert de compétences aux producteurs s’est effectué par le biais de renforcements de capacités, notamment via des formations destinées aux organisations paysannes (OP) affiliées à ces entreprises. Nous avons déjà des OP qui livrent leurs produits à ces entreprises. Pour atteindre les OP, nous avons collaboré avec ces entreprises. Les technologies mises en place incluent des pratiques agroécologiques telles que la gestion intégrée de la fertilité des sols, le compostage, et un système intensif de riziculture. Nous avons également fourni des équipements pour accroître la compétitivité des producteurs.
Comment le programme favorise-t-il l’adoption de nouvelles pratiques agroécologiques ?
Nous avons constaté que les producteurs ont du mal à payer les engrais en raison de leur coût élevé. Nous les avons orientés vers l’usage de fumure organique. Il est difficile d’éliminer complètement les engrais minéraux, car nos sols sont pauvres, mais nous cherchons à réduire progressivement leur utilisation. Nous mettons en œuvre des pratiques reconnues, telles que la gestion intégrée des ressources, le respect des calendriers de culture, et l’utilisation de semences améliorées. Aujourd’hui, beaucoup de producteurs hésitent à investir dans de nouvelles semences, préférant utiliser des semences anciennes, qui perdent leur pouvoir génétique. Nous les encourageons à acheter des semences homologuées et à aménager des bas-fonds pour mieux collecter l’eau de pluie.
Quelles initiatives ont été mises en place pour faciliter l’accès aux marchés et améliorer la commercialisation des produits agricoles ?
Un des défis majeurs du TERSAA est d’ajouter de la valeur à nos produits agricoles. Il est essentiel de favoriser une démarche qualité. Des produits de meilleure qualité se vendent mieux sur le marché. Nous avons intégré cette démarche au sein des OP, en les formant pour qu’ils ajoutent plus de valeur à leurs produits. Nous avons également fourni des équipements tels que des bâches, des batteuses et des vanneuses pour garantir des matières premières de qualité. Ainsi, avec des matières premières de qualité, nous obtenons des produits finis de qualité au sein des entreprises.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la mise en œuvre de ce programme chez ETD ?
Les principales difficultés rencontrées sont que les producteurs ont besoin de solutions rapides. Le changement climatique est une réalité : les producteurs n’ont pas le temps d’appliquer les pratiques agroécologiques que nous leur enseignons, car ils doivent répondre à des besoins alimentaires immédiats. Nous avons cherché à les orienter vers une utilisation réduite d’intrants chimiques. Il est crucial que les producteurs soient résilients et puissent diversifier leurs activités au-delà de l’agriculture, ce qui justifie nos sessions de renforcement de capacités. Nous avons également remarqué que de nombreuses organisations de producteurs vieillissent, souvent dirigées par des responsables peu actifs, et il est urgent de les redynamiser. Enfin, la mécanisation agricole demeure un défi : bien que nous soyons encore dans une dynamique d’agriculture familiale, le manque de main-d’œuvre adéquate est réel. L’intégration de solutions mécanisées est donc primordiale.
Propos recueillis par Anderson AKUE
