Criminalité maritime dans le Golfe de Guinée : Le GIABA préconise la création d’un tribunal régional
Le premier semestre de l’année 2023 a révélé une intensification des actes criminels en mer, avec 65 incidents de piraterie et de vols enregistrés, marquant une hausse significative par rapport à l’année précédente. Ce fléau s’intensifie allant de la piraterie au blanchiment de capitaux, voire au financement du terrorisme. Pour réduire ce fléau, le GIABA exhorte les Etats du Golfe de Guinée à mettre en place un tribunal régional dédié à la criminalité maritime.
Dans un contexte où le Golfe de Guinée est devenu une plaque tournante pour le transport maritime, la montée de la criminalité maritime constitue une préoccupation majeure aux niveaux national et international. Avec environ 20 000 navires transitant chaque année par ses eaux, la région, riche en ressources naturelles, est également le théâtre d’activités illégales croissantes, allant de la piraterie au blanchiment de capitaux, voire au financement du terrorisme.
En mai dernier, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest (GIABA) a publié un rapport général intitulé « Blanchiment de capitaux, financement du terrorisme et flux financiers illicites liés à la criminalité maritime dans le Golfe de Guinée » qui indique que le premier semestre de l’année 2023 a révélé une intensification des actes criminels en mer, avec 65 incidents de piraterie et de vols enregistrés, marquant une hausse significative par rapport à l’année précédente. Ces attaques, qui incluent des prises d’otages et des enlèvements, mettent en lumière une réalité alarmante : le Golfe de Guinée est désormais l’une des régions maritimes les plus dangereuses au monde.
Mais au-delà de cette insécurité maritime, un autre défi émerge : le lien entre ces activités criminelles et la finance illicite. Une étude récente financée par l’Union Européenne met en exergue les connexions entre les flux financiers associés à ces actes et la criminalité organisée. Elle souligne l’insuffisance des structures de coopération entre les agences de sécurité maritime et les cellules de renseignement financier, ce qui limite la détection et la traque des fonds illégalement acquis.
Ce rapport précise que la situation est d’autant plus préoccupante dans des pays comme le Nigéria, le Ghana, ou la Côte d’Ivoire, où les mécanismes juridiques et institutionnels pour lutter contre la criminalité maritime se révèlent souvent inadaptés, rendant difficile l’identification de l’origine des fonds ou la confiscation des produits de ces crimes. Une collaboration insuffisante entre les autorités maritimes et les institutions financières compromet ainsi les efforts de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
En réponse à ce constat, l’étude recommande une série de mesures audacieuses, notamment l’évaluation sectorielle des risques, la révision des lois maritimes pour intégrer les normes internationales et l’établissement de mécanismes de coopération efficaces entre les différentes agences et institutions. Elle souligne également l’importance d’une sensibilisation accrue des acteurs portuaires sur les normes du GAFI, afin de mieux s’attaquer à ce phénomène.
Face à l’ampleur de cette problématique, le GIABA lance un appel urgent aux Etats côtiers du Golfe de Guinée pour qu’ils agissent de manière concertée. Ainsi, la création d’un tribunal régional dédié à la criminalité maritime pourrait également représenter un pas significatif vers la justice et la sécurité dans cette région stratégique, recommande le GIABA.
Bref, le Golfe de Guinée, avec ses opportunités économiques immenses, ne peut se permettre de laisser la criminalité maritime prospérer. Il en va de la sécurité des Etats côtiers, mais aussi de la stabilité économique d’une région clé pour le commerce international. L’approche doit être intégrée, coopérative et à long terme pour espérer renverser cette tendance alarmante et protéger l’avenir maritime de l’Afrique de l’Ouest.
Anderson AKUE