PRESASS 2025 : Une saison des pluies généreuse en perspective au Sahel et en Afrique de l’ouest
Le 25 avril 2025, Bamako a accueilli l’apothéose de l’édition 2025 des prévisions saisonnières des caractéristiques agro-hydro-climatiques de la saison des pluies pour les zones sahélienne et soudanienne de l’Afrique de l’ouest et du Sahel (PRESASS), un événement majeur réunissant des experts, chercheurs, décideurs et acteurs du monde agricole. Ce forum a pour objectif de renforcer la résilience des populations face aux risques climatiques et de partager les dernières avancées en matière de prévisions agro-hydro-climatiques puis de discuter des stratégies d’adaptation pour les différents secteurs liés à l’agriculture.
Une saison des pluies globalement humide attendue
Le forum a annoncé que la saison des pluies dans la bande sahélienne et soudanienne s’annonce globalement humide. Cette situation pourrait être différente selon des zones et des périodes. Sur la bande sahélienne, allant du Sénégal au Tchad et sur les parties littorales du Liberia, des cumuls pluviométriques moyens à supérieurs sont attendus de mai à juillet et de juillet à août. Par contre, dans la partie sud du Sénégal, en Gambie dans le nord de la Guinée et sur les parties littorales du Nigeria, Bénin, Togo et Ghana, les cumuls pluviométriques seraient inférieurs aux moyens sur les mêmes périodes. Dans les autres parties de la région, il est attendu des cumuls pluviométriques sur ces périodes.
De juillet à septembre, il est attendu des cumuls pluviométriques supérieurs aux moyennes dans les bandes agricoles du Tchad, du Niger, du Mali, de la Mauritanie, du Burkina, de la Gambie, de la Guinée Bissa et dans les parties nord de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigeria.
Des démarrages précoces à normales
Au Sénégal et dans les parties littorales du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigeria, ce sont plutôt des cumuls pluviométriques moyens à inférieurs aux moyennes qui y sont prévus. Tandis que dans les autres parties de la région, cette seconde moitié de la saison va connaitre des cumuls pluviométriques qui seraient proches de la moyenne climatologique. Concernant les dates de début de la saison, les prévisions des experts indiquent qu’elles seraient précoces à normales sur la bande sahélienne couvrant le Centre-Sud du Tchad, la bande agricole du Niger (excepté l’extrême Sud- Ouest), les parties extrêmes Nord du Nigeria et du Burkina Faso, le Centre et le Nord-Ouest de la bande agricole du Mali, le Sud Mauritanie et le Nord-Ouest du Sénégal. Les parties Centre-Nord du Nigéria, le Sud-Ouest du Niger, le Burkina Faso (sauf dans l’extrême Nord), le Sud Mali, le Sud Guinée et dans les parties nord du Bénin, du Togo, du Ghana et de la Côte d’Ivoire, vont, quant à elles, connaitre des débuts de saison plutôt normaux à tardifs. Alors que l’extrême Sud du Tchad, le Centre et Nord Guinée, le Nord de la Sierra Leone, la Guinée Bissau et dans les parties littorales de la Gambie et du Sénégal auront des démarrages de saison tardifs à normaux. Quant aux dates de fin de saison, il est prévu qu’elles soient globalement tardives à moyennes sur toutes les bandes sahélienne et soudanienne de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad. En d’autres termes, il est fort probable que la saison des pluies se prolonge. Les experts ont également donné des prévisions sur les durées de séquences sèches, c’est-à-dire des poches de sécheresse et sur les écoulements tout au long de la saison pluvieuse qui s’annonce. En effet, pour ce qui concerne les séquences sèches, il est attendu qu’elles soient courtes à moyennes en début de la saison agricole, sur le Sud du Tchad et dans l’Ouest du Sahel couvrant le Nord du Libéria, la Sierra Léone, la Guinée, la Guinée Bissau, la Gambie, le Sénégal, le Sud Mauritanie et la bande agricole du Mali (excepté l’extrême Sud).

Des recommandations bénéfiques
Devant cette situation, le forum a formulé des recommandations pour mieux tirer profit de la saison des pluies. Il s’agit entre autres de :
- valoriser les situations d’excès d’eau à travers le développement des cultures irriguées notamment dans les plaines inondables ;
- investir davantage dans les cultures à hauts rendements tolérantes vis-à-vis des conditions humides (riz, canne à sucre, tubercules, etc.) ;
- mettre en place des dispositifs de collecte et de conservation des eaux de pluies pour des usages agricoles et domestiques en saison sèche ;
- soutenir le déploiement de techniques climato-intelligentes d’augmentation des rendements des cultures et des fourrages, face aux risques climatiques ;
- renforcer les dispositifs d’information, d’encadrement et d’assistance agro-hydro-météorologiques des producteurs ;
- faciliter aux producteurs l’accès à des semences améliorées et des intrants agricoles adaptés à leurs besoins ;
- sécuriser et motiver les producteurs à exploiter largement des superficies cultivables pour augmenter la production agricole, notamment dans les zones d’insécurités civile ;
- sécuriser les revenus et alléger les pertes agricoles, à travers la promotion et la souscription à des assurances agricoles indicielles.
Vers une agriculture durable
La conférence PRESASS 2025 a donc été une occasion précieuse de réflexion et d’échange sur les prévisions saisonnières en Afrique de l’ouest et au Sahel. En mettant un accent particulier sur l’innovation, le partage des connaissances et la collaboration, les participants ont exprimé leur engagement à contribuer à une agriculture durable et résiliente face aux défis climatiques. L’événement a également ouvert la voie à des initiatives de suivi et d’évaluation pour s’assurer que les prévisions soient non seulement pertinentes mais également opérationnelles pour les agriculteurs sur le terrain.
Cet échange de savoirs et d’expériences ne saurait que favoriser une meilleure adaptation aux réalités agro-hydro-climatiques de demain, pour assurer la sécurité alimentaire et le développement durable dans la région.
Anderson AKUE