L’érosion côtière est un phénomène naturel qui affecte de nombreuses régions du monde, et le Togo n’est pas épargné. Avec une côte d’environ 56 kilomètres le long du Golfe de Guinée, la région maritime du Togo subit des pressions croissantes dues à l’érosion, exacerbées par des facteurs tels que le changement climatique, les activités humaines et l’urbanisation rapide. La mer avance de 1,8 à 5 mètres par an, engloutissant au passage certaines infrastructures.
Cet article examine l’état actuel de l’érosion côtière au Togo, en mettant en lumière les efforts déployés pour y faire face et en soulignant la nécessité d’intensifier ces efforts pour protéger les habitations et les écosystèmes côtiers.
État actuel de l’érosion côtière au Togo
Les côtes togolaises sont particulièrement vulnérables à l’érosion en raison de leur géologie, de leur topographie et des conditions climatiques. Les plages des localités proches de la capitale Lomé, sont parmi les plus touchées. C’est le cas de Kossi Agbavi, village situé à environ 26 km de Lomé, la capitale. Dans la localité, on peut constater une avancée majeure de l’océan qui a englouti des centaines de mètres de terre avec des habitations. Selon une étude de la Mission d’Observation du Littoral Ouest-Africain (MOLOA) réalisée en 2015, entre 1,8 et 5 mètres de perte du littoral sont enregistrés par an. Une situation qui cause la perte de terres agricoles, la destruction d’habitations, la salinisation des eaux souterraines avec des impacts sur la biodiversité marine. Les communautés côtières se retrouvent ainsi confrontées à un double défi : préserver leurs moyens de subsistance tout en s’adaptant aux changements environnementaux.
Efforts actuels pour contrer l’érosion
Le gouvernement togolais a mis en place plusieurs initiatives pour lutter contre l’érosion côtière. Parmi celles-ci figurent :
1. Construction de digues et brise-lames : Ces structures visent à réduire la force des vagues sur les plages et à protéger les infrastructures côtières.
2. Reboisement et restauration des mangroves : Les mangroves jouent un rôle crucial dans la protection des côtes contre l’érosion. Des projets ont été lancés pour restaurer ces écosystèmes vitaux.
3. Sensibilisation communautaire : Des campagnes d’information ont été menées pour sensibiliser les populations locales aux enjeux liés à l’érosion côtière et aux pratiques durables.
Cependant, malgré ces efforts louables, il est évident qu’ils sont insuffisants face à l’ampleur du problème.
Dispositif de digues pour empêcher l’avancée de l’océan
Insuffisance des efforts actuels
Les mesures prises jusqu’à présent ne répondent pas adéquatement aux défis posés par l’érosion côtière au Togo. Plusieurs facteurs expliquent cette insuffisance :
• Financement limité : Les ressources financières allouées à la lutte contre l’érosion sont souvent insuffisantes pour mettre en œuvre des solutions durables.
• Urbanisation non planifiée : La croissance urbaine rapide autour des zones côtières a conduit à une pression accrue sur les ressources naturelles sans tenir compte des risques d’érosion.
Ces lacunes soulignent la nécessité d’une approche plus intégrée et proactive pour gérer efficacement le littoral togolais.
Appel à redoubler d’efforts
Pour faire face efficacement à ce défi croissant, il est impératif que le gouvernement togolais et ses partenaires internationaux redoublent d’efforts dans plusieurs domaines :
Renforcer les infrastructures existantes en les améliorant et en étendant les digues et autres structures protectrices ;
Investir dans la recherche scientifique en menant davantage des études sur les impacts spécifiques du changement climatique sur les côtes togolaises afin d’informer les politiques publiques ;
Engager davantage les communautés locales en les impliquant dans la planification et la mise en œuvre des projets liés à la gestion côtière et ;
Mettre en place des politiques durables à travers l’élaboration d’une stratégie nationale claire qui intègre toutes les dimensions liées à l’érosion côtière.
Bien que certaines initiatives aient été mises en place pour lutter contre l’érosion côtière au Togo, elles demeurent largement insuffisantes face aux défis croissants posés par ce phénomène naturel. Il est crucial que tous les acteurs concernés collaborent pour développer une approche holistique qui garantisse non seulement la protection des habitations mais aussi celle des écosystèmes marins vitaux.
Aussi, le programme de gestion du littoral ouest-africain, West Africa Coastal Areas Program (WACA), financé par la Banque mondiale au profit de six pays dont le Togo, va permettre au pays de réaliser sept nouveaux épis, réhabiliter six anciens épis et un ancien brise-lame pour protéger un total de 18 km de côte.
Des initiatives qui pourraient réduire l’avancée de l’océan pendant quelques années le temps de trouver une solution définitive à ce phénomène.