Marie Hur : « C’est à partir de notre expérience quotidienne que nous tirons les bonnes pratiques. »
Des acteurs clés de la mise en œuvre de la phase 2 du projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS-2) se sont retrouvés dans la capitale togolaise pour un exercice de capitalisation systématique des bonnes pratiques. L’objectif étant de renforcer les capacités des équipes PRAPS-2 sur la méthodologie et les outils de capitalisation continue, en vue de son opérationnalisation dans les pays. Pour relever ce défi, Mme Marie Hur, consultante et spécialiste de la gestion des connaissances a alterné discussions et exercices pratiques avec les participants.
Elle explique à notre Rédaction ce concept et son importance pour la réussite d’un projet surtout pour renforcer la résilience des pasteurs et agropasteurs au Sahel.
Qu’entend-on par capitalisation des bonnes pratiques ?
La capitalisation c’est un grand mot pour désigner quelque chose qu’on fait tous au quotidien et qui est très simple. C’est le fait d’apprendre de nos erreurs et de nos réussites pour faire mieux. En tout début d’atelier, nous avions échangé avec les participants sur ces situations de la vie quotidienne qui sont des situations de la capitalisation. Par exemple, si je prépare un plat, je vais m’apercevoir que j’ai trop cuit mon riz ou m’apercevoir que j’ai été chercher un nouveau poivre au marché et que cela a donné un bon goût à mon plat. La prochaine fois que je vais préparer, j’ajusterai la cuisson de mon riz et je me rappellerai qu’il faut utiliser ce poivre. Donc, dans le cadre d’un projet, cela consiste à faire la même chose, à identifier ce qu’on a bien fait et ce qu’on a mal fait pour pouvoir faire mieux.
La capitalisation, c’est donc sur toute la chaîne ?
Tout à fait ! C’est à partir de notre expérience quotidienne que nous tirons les bonnes pratiques.
Quels résultats concrets attendez-vous des acteurs formés en termes d’actions ?
Les participants de cet atelier sont des experts thématiques et transversaux à la fois au niveau régional et au niveau pays. Chacun va rentrer dans son pays et reprendre le cours de ses activités. Et le résultat qui est attendu, c’est que les participants puissent appliquer cette démarche de capitalisation et d’apprentissage en utilisant les outils qui ont été proposés et sur lesquels ils ont été formés.
Par exemple, les experts de la composante animale pourraient répondre progressivement à la question, comment est-ce que nous avons pu mener une campagne de vaccination et parvenir à identifier ce qui a marché et ce qui n’a pas bien fonctionné, comment l’améliorer, etc.
En quoi la capitalisation des bonnes pratiques peut-elle renforcer la résilience des pasteurs et agropasteurs au Sahel ?
Dans le cadre d’un projet, la capitalisation des bonnes pratiques a pour but d’améliorer les interventions. Pour le PRAPS-2 qui vise à renforcer la résilience des pasteurs et agropasteurs, le principe c’est de partir des enseignements en vue d’améliorer les interventions pour mieux répondre à cet objectif du renforcement de la résilience. Pour que le PRAPS-2 puisse tirer parti de sa capitalisation, il faudrait ajuster ses interventions, mais aussi partager des enseignements avec d’autres interventions visant à renforcer la résilience des pasteurs et agropasteurs. In fine pour contribuer à l’élaboration d’autres interventions avec le même objectif. Les enseignements tirés pourront améliorer la stratégie d’intervention du PRAPS.
Votre mot de fin
Mon mot de fin c’est un plaidoyer pour renforcer l’approche de la capitalisation dans les projets. C’est quelque chose qu’on fait à la fin d’un projet par manque de temps. On n’a plus la mémoire de ce qui a été fait on n’a plus le temps de tirer parti de cette démarche pour ajuster les interventions. La démarche que le PRAPS-2 a enclenchée est une démarche assez innovante d’intégrer la capitalisation dans les activités même du projet et que ça soit plus utile et qu’on ne réinvente pas la roue à chaque instant. Même nos erreurs servent à quelque chose.
Propos recueillis par Anderson AKUE