Filière cameline dans le Sahel : Le PRAPS-2 partage les résultats d’une récente étude
Lomé, la capitale togolaise abrite, du 29 au 31 juillet, un atelier régional de restitution et d’opérationnalisation des résultats de l’étude sur la filière cameline du Mali, Mauritanie, Niger et Tchad à l’intention des acteurs pertinents de la filière cameline. Initiée par le projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel, phase 2 (PRAPS-2), à travers la composante 3 « Amélioration des chaînes de valeur du bétail », cette rencontre vise à appuyer le développement de la filière caméline avec un focus sur le renforcement de la compétitivité de ses produits et productions des chaînes de valeur.
Il s’agira entre autres d’enrichir et valider les résultats de l’étude complémentaire sur la filière caméline dans les quatre pays ; de disposer d’un plan d’action de renforcement de la compétitivité des produits et productions des chaînes de valeur de la filière caméline ; de mettre en place un réseau régional de partage d’informations et d’expertises sur la filière qui jouera le rôle de bras technique pour l’appui à l’opérationnalisation du plan d’action.
Cette étude précède une étude de référence réalisée au cours de la première phase du PRAPS sur le commerce des dromadaires entre les pays sahéliens et maghrébins et a concerné quatre pays qui sont le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
Des échanges intervenus lors de la 4ème réunion du comité technique régional du PRAPS-2 en décembre 2023 ont balisé le chemin pour la présente étude dont la finalité est de valoriser le potentiel de la filière caméline. Durant les trois de l’atelier, les participants vont discuter autour des résultats de l’étude et appréhender l’opérationnalisation de ces résultats.
« L’emblème du projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS), c’est le dromadaire. Au-delà de la symbolique, je voudrais souligner l’importance de la filière caméline compte tenu du rôle des dromadaires de plus en plus important dans le secteur de l’élevage sahélien et surtout grâce à la contribution très significative de ses productions et produits à la sécurité alimentaire et économique des ménages des agropasteurs du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad », a indiqué Dr Edwige Yaro Botoni, coordinatrice régionale du PRAPS-2 à l’ouverture de l’atelier.
Selon la coordonnatrice régionale du PRAPS-2, cette étude complémentaire va donner des informations plus opérationnelles permettant d’aller à l’action à savoir entre autres la cartographie des chaînes de valeur, les opportunités de marché, les interventions stratégiques, etc.
Pour améliorer les chaînes de valeur du bétail, le PRAPS-2 a prévu dans la sous composante 3-1, le développement d’infrastructures de marché stratégiques pour le commerce général. A cet effet, le projet a prévu d’appuyer la promotion de la filière cameline.
Précisons que pour l’occasion, des participants ont exposé des produits à base de dromadaire entre autre le lait, le fromage, des pommades.
En rappel, le PRAPS-2 est mis en œuvre par le CILSS au niveau régional et par les ministères en charge de l’élevage ou du développement rural dans chacun des six pays bénéficiaires au niveau national. Il bénéficie de l’appui politique de la CEDEAO et de l’UEMOA. La rencontre de Lomé bénéficie de l’appui financier de la Banque mondiale.
Un animal résilient à fort potentiel économique
Les dromadaires jouent un rôle important dans le Sahel et le désert à cause de leur résilience particulière aux conditions climatiques et de leur usage multiple. Ils fournissent du lait, de la viande et d’autres produits alimentaires essentiels pour les communautés locales, et contribuent du coup à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
La population cameline dans les pays du CILSS entre 1961 et 2021 serait passée de 1,37 à 14,7 millions de têtes soit une multiplication par 10, ce qui correspond à une croissance annuelle de 15,2% selon des données de la FAO.
Dans les conclusions de l’étude réalisée sur la filière cameline commanditée par le PRAPS-2, Bernard Faye révèle que le cheptel des quatre pays du CILSS représente plus du 1/3 de la production mondiale de camelin. Le Tchad et le Niger enregistrent les plus grands effectifs de camelins dans l’espace CILSS. La production laitière annuelle par chamelle est estimée en moyenne à 1 200 litres tandis que la production laitière dans les pays du CILSS serait environ 462 000 tonnes.
Les dromadaires permettent de développer d’autres services notamment la laine, le cuir, les tapis, etc. Un chameau peut fournir environ 15 kg de laine.
Les produits issus de l’exploitation du chameau (lait, viande, laine et cuir) rapportent plus de 7 millions d’euros par an dans les 4 pays.
L’étude fait un zoom sur les services connexes que sont entre autres la préparation de pommades corporelles, le transfert de fertilité (environ 46 000 tonnes d’azote dans les 4 pays) pour lutter contre la désertification dans le Sahel, le transport des biens et des personnes, la traction cameline, la pharmacopée traditionnelle, les fonctions identitaires et culturelles.
En dépit de ce potentiel, des défis restent à relever pour explorer tout le potentiel de la filière cameline. Il s’agit notamment d’implanter des ateliers d’engraissement, former des travailleurs spécialisés, améliorer les infrastructures marchandes et d’abattage, l’approvisionnement des supermarchés en produits dérivés, le développement du secteur cuir et peau, le développement du secteur touristique à travers un appui aux agences locales.
Anderson AKUE