Perspective et Enjeux d'Afrique

Trouver un cadre de vie apaisant pour les PS : AFAZ lance une vaste concertation nationale avec des acteurs clés

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La prostitution est-elle interdite au Togo ? Non. Aucune législation togolaise ne condamne la prostitution. Seuls les actes assimilés (attentat à la pudeur article 389 du code pénal ; outrage public à la pudeur article 391 du code pénal ; outrage aux bonnes mœurs article 393 du code pénal ; racolage article 397 du code pénal ; proxénétisme article 402 du code pénal, attentat à la pudeur article 389 du code pénal…) sont condamnés par le code pénal. Mais pourquoi les personnes pratiquant ce métier couramment appelées professionnelles du sexe (PS) ou Travailleuses du sexes (TS) sont poursuivies, traquées, arrêtées, violentées au mépris de la loi par les Forces de défense et de sécurité (FDS) dans l’exercice de leurs missions. Que dire la loi à propos ?

Autant d’interrogations qui sont au centre des préoccupations des membres de l’Association Femmes Amazones Zen (AFAZ) qui débattent du 16 au 17 juillet 2024 à Lomé ces questions avec des responsables des FDS, des élus locaux, les PS et des acteurs de la société afin d’arriver à un compromis pour que « Afide ne fa mia no », une expression éwé, langue parlée au sud du Togo qui veut dire « un espace serein pour notre refuge ».

Pourquoi cette initiative ?

Aujourd’hui les professionnelles du sexe sont confrontées à des défis constants et souvent invisibles dans leur environnement de travail y compris les violences de tous genres. Une recrudescence des violences qui nécessite des actions immédiates et coordonnées afin d’avoir un environnement favorable, sécurisé où le respect des droits fondamentaux est permanent pour l’exercice de leur travail.

Selon le dernier rapport de l’ONUSIDA sur la situation mondiale de l’épidémie du VIH Sida, il est a noté une baisse du nombre de personnes vivant avec le VIH, une situation encourageante. Mais le rapport attire l’attention de tous sur d’importantes lacunes constatées en termes d’accès à la prévention, aux traitements, aux soins pour les populations clés (les professionnels de sexe, les usagers de drogues, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les détenus…)

Le rapport souligne aussi les menaces qui pèsent sur la disponibilité des financements, surtout pour les réponses communautaires, les lois répressives contre les minorités sexuelles, l’inégalité de genre et de sexes et ses répercussions sur la santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles, ainsi que d’autres violations des droits humains affectant les groupes marginalisés.

Et de conclure que si rien n’est fait, ces menaces risquent de compromettre les objectifs stratégiques de l’ensemble des acteurs de la réponse au VIH d’ici 2030 qui dit : « zéro nouvelle infection, zéro décès lié au sida, zéro discrimination ».

Pour trouver une réponse à cette situation, l’association AFAZ pense qu’en agissant sur les injustices subies par les PS dans leurs différents sites de travail par les FDS, cela contribuera énormément à soutenir cette initiative. C’est pourquoi elle a invité les FDS, les élus locaux, les PS et des acteurs de la société à réfléchir et à trouver un cadre de vie apaisant pour les PS.

Que reprochent les FDS aux PS ?

Pour les FDS, les PS dans l’exercice de leur travail enfreignent beaucoup de lois de République. Elles sont souvent de connivence avec vendeurs de drogues, des malfrats recherchés qui trouvent refuge chez elles, s’exhibent sur la voie publique et racolent les personnes alors que ces actes sont réprimés par la loi. Pour les FDS, les prérogatives que leur confère la loi ne peut qu’être mis en œuvre. Bref, ils ne font qu’appliquer la loi.

Cependant, ils ont déploré l’attitude de certains de leurs agents qui agissent dans leurs interventions au mépris de la loi.

Les FDS déplorent aussi que les PS travaillent en toute inquiétude dans les alentours des sites qui abritent leurs représentations (directions ou commissariats de police et de gendarmerie…). Elles voient cela comme une provocation et souhaitent que ces activités se déroulent loin de leurs représentations.

Que retenir ?

Cette rencontre est co-facilitée par monsieur SODJI Dometo, Directeur exécutif de l’ONG FAMME qui au cours de ses interventions a déploré les traitements inhumains et dégradants infligés par certains agents des FDS aux PS lors de leurs patrouilles. Il a exhorté les officiers présents à beaucoup inter agir avec leurs éléments pour réduire ces cas de violations des droits humains et préserver la dignité des PS puisqu’elles sont aussi utiles pour la société.

Dans sa communication, la Magistrate Kayi ABBEY KOUNTE, a ressorti les droits qui protègent tout individu y compris les PS. Pour elle, le non-respect de ces droits par toute personne y compris les agents chargés de faire respecter la loi est puni par le code pénal.

Plusieurs actions seront menées dans le cadre de ce projet notamment la mise en place des personnes contact (points focaux) dans les commissariats, postes de polices et gendarmerie pour recevoir et traiter les problèmes des PS ; des visites de sensibilisation des maires et leurs collaborateurs sur la problématique des PS ; des rencontres de plaidoyers auprès des autorités administratives, de sécurité et traditionnelles en vue de la création d’un environnement favorable sur les plans sociaux, juridiques et sanitaires pour les PS et autres femmes vulnérables avec leurs enfants.

Cette initiative visant à contribuer à la création d’un environnement amélioré, favorable à un meilleur accès des PS et autres femmes vulnérables aux services de prévention, de dépistage et de prise en charge des IST/VIH et des droits humains se poursuivra la semaine prochaine à Kara et à Kpalimé envers les mêmes acteurs. Elle a reçu l’appui financier du PNUD sur le projet SCALE 2. Les initiateurs envisagent enregistrer zéro violence sur les PS sur leur site de travail d’ici 2026.

 

Bonaventure N’Coué MAWUVI

 

 

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