Le recul de l’égalité des sexes et des droits des femmes et des personnes LGBTQI+ est un phénomène alarmant qui a des répercussions profondes sur la santé et le bien-être de tous les individus.
Selon les rapports d’ONU Femmes, une femme sur trois dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. En Afrique, cette statistique est souvent plus élevée, avec des pays où jusqu’à 70% des femmes déclarent avoir été victimes de violence physique ou sexuelle.
Au Togo, ce recul est marqué par une combinaison de facteurs culturels, politiques et économiques qui exacerbent les inégalités existantes. Une enquête menée en 2022 a révélé par exemple que près de 40% des femmes avaient subi une forme de violence physique ou sexuelle au cours de leur vie. Cette situation met en lumière non seulement un problème social mais aussi un obstacle majeur à l’égalité.
Cet article se penche sur les implications de ce phénomène, en examinant ses effets sur la santé physique et mentale, ainsi que sur le bien-être social et économique.
Contexte culturel et historique
L’Afrique a une longue histoire d’inégalités de genre, souvent exacerbée par des normes culturelles patriarcales. Au Togo, comme dans d’autres pays africains, les rôles traditionnels assignés aux hommes et aux femmes continuent de façonner les perceptions sociales. Les femmes sont souvent perçues comme responsables du foyer, tandis que les hommes sont vus comme les pourvoyeurs. Cette dynamique crée un environnement où les droits des femmes sont systématiquement négligés.
De plus, la stigmatisation associée à l’identité LGBTQI+ est profondément enracinée dans la culture togolaise. Les lois pénalisant l’homosexualité renforcent cette stigmatisation, rendant difficile pour les individus LGBTQI+ d’accéder à des services de santé adéquats ou de vivre leur identité sans crainte de discrimination ou de violence.
Les effets sur la santé physique et mentale
Le recul des droits liés au genre a un impact direct sur la santé physique et mentale des individus. Pour les femmes, cela se traduit souvent par un accès limité aux soins de santé reproductive. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 300 000 femmes meurent chaque année dans le monde à cause de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
Au Togo, ces chiffres pourraient être encore plus élevés en raison du manque d’accès aux soins appropriés.
Quant aux personnes LGBTQI+, elles, font face à une double stigmatisation : celle liée à leur sexe biologique et celle liée à leur orientation sexuelle. Cela peut entraîner une augmentation du stress psychologique, une dépression accrue et un risque élevé d’automutilation ou de suicide. Des études montrent que les jeunes LGBTQI+ sont particulièrement vulnérables aux problèmes de santé mentale en raison du rejet familial et social.
Impact socio-économique
Le recul des droits sexuels et reproductifs a également un impact socio-économique significatif. Les femmes qui n’ont pas accès à une éducation adéquate ou à des opportunités économiques sont souvent piégées dans un cycle de pauvreté. L’incapacité d’accéder aux soins médicaux peut également entraîner une perte de productivité au sein du ménage.
Pour les personnes LGBTQI+, le manque d’opportunités professionnelles dû à la discrimination peut conduire à une précarité économique accrue. Cela limite non seulement leurs choix personnels mais affecte également leur capacité à contribuer positivement à l’économie nationale.
Une situation qui a fait dire à l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch « que pour améliorer véritablement la situation au Togo et ailleurs en Afrique, il est essentiel d’intégrer une approche basée sur les droits humains dans toutes les politiques publiques relatives au genre ».
Perspectives intersectionnelles
Il est crucial d’adopter une perspective intersectionnelle lors de l’examen du recul des droits liés au genre au Togo. Les facteurs tels que le handicap, l’ethnicité, le statut socio-économique et migratoire jouent tous un rôle dans la manière dont ces inégalités se manifestent.
Par exemple, les femmes handicapées peuvent faire face à une double discrimination : celle liée au genre et celle liée au handicap. Elles ont souvent moins accès aux soins médicaux appropriés en raison d’une infrastructure inadéquate ou d’attitudes discriminatoires.
De même, les personnes issues de minorités ethniques peuvent être confrontées à des obstacles supplémentaires lorsqu’il s’agit d’accéder aux services sociaux ou médicaux en raison du racisme systémique ou d’un manque de représentation politique.
Quel rôle jouent les politiques publiques ?
Les politiques publiques jouent un rôle crucial dans la promotion ou le freinage des droits liés au genre. Au Togo, certaines initiatives ont été mises en place pour améliorer l’accès aux soins pour les femmes. Mais elles restent largement insuffisantes face aux défis systémiques existants.
La rhétorique politique autour du genre peut également avoir un impact significatif sur la perception sociale des droits sexuels et reproductifs. Lorsque les dirigeants politiques adoptent une position hostile envers ces questions, cela renforce la stigmatisation sociale déjà présente. Une situation qui emmène des experts en matière de droits humains conclure que le recul actuel nécessite une réponse collective qui inclut non seulement le gouvernement mais aussi la société civile. Ils insistent sur l’importance d’éduquer la population sur les droits humains fondamentaux afin de réduire la stigmatisation associée aux questions liées au genre.
En somme, le recul de l’égalité des sexes et des droits associés a un impact dévastateur non seulement sur ceux qui sont directement touchés mais aussi sur toute la société togolaise. La santé physique et mentale souffre sous ce régime inégalitaire. Le bien-être économique est compromis d’où la nécessité d’adopter une approche intersectionnelle pour aborder ces questions complexes.
Pour aller vers un avenir meilleur où chacun peut jouir pleinement de ses droits sans crainte ni discrimination,
Il est impératif que les gouvernant, les organisations non gouvernementales (ONG), les communautés locales travaillent ensemble pour promouvoir l’égalité réelle entre tous les genres.
Bonaventure N.M.