Perspective et Enjeux d'Afrique

Les marchés à bétail, une opportunité socioéconomique inclusive

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Les marchés à bétail génèrent des ressources financières importantes aux communes et aux collectivités qui les abritent. En plus des recettes mobilisées, ce sont des emplois et des activités qui se développent tout autour de la filière avec des impacts positifs sur le bien-être de certaines communautés. Des enfants d’éleveurs bénéficient de programmes d’alphabétisation, des ménages d’agro-éleveurs voient leur condition de vie améliorée, des ouvrages socioéducatifs construits, et le renforcement d’une cohésion bien encore fragile entre agriculteurs et éleveurs.
Le Togo à l’instar des autres Etats côtiers membres de la CEDEAO travaille d’arrache-pied pour assainir la filière agropastorale et y développer des chaînes de valeur pour en faire une priorité. A cet effet, une politique nationale de développement de la filière élevage est élaborée, un nouveau code foncier et domanial est adopté, une politique opérationnelle de la transhumance est mise en œuvre pour maximiser le potentiel de la filière, etc.
Un cadre sans cesse amélioré
Le Projet régional de dialogue et d’investissement pour le pastoralisme et la transhumance au Sahel et dans les pays Côtiers en Afrique de l’Ouest (PREDIP) à travers sa composante 3, le Projet d’appui à la mobilité du bétail pour un meilleur accès aux ressources et aux marchés (PAMOBARMA) œuvre pour l’aménagement et la réhabilitation des infrastructures agropastorales. Ces trois dernières années, plusieurs marchés à bétail ont été construits et réhabilités, des comités de gestion multi-acteurs mis en place dans les 9 pays d’intervention du PAMOBARMA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Niger, Nigeria et Togo), afin de dynamiser le secteur et contribuer au développement des communautés locales.
Selon des chiffres rendus publiques les 8 et 9 novembre dernier à Grand Bassam (Côte d’Ivoire) lors d’un l’atelier placé sous le thème « Agropastoralisme et territoires transfrontaliers, Gouvernance territoriale partagée, Bilan, enjeux et perspectives », l’ONG française Acting For Life, l’un des acteurs clés dans le pilotage du PAMOBARMA, a appuyé à la réalisation de cinq (5) marchés transfrontaliers à bétail en 2021 Les recettes générées par les marchés à bétail connaissent une stabilité en dépit de la pandémie liée au Covid 19 ainsi que les menaces sécuritaires dans le Sahel.
Au niveau pays, des pistes sont explorées pour faire exploser le potentiel socioéconomique et inclusif des marchés à bétail à travers la mise en place des comités de gestion multi-acteurs, des inter-collectivités et des dispositions règlementaires négociées ,
En 2019, les marchés à bétail des 9 territoires ont permis de mobiliser près de 292 millions FCFA de taxes potentielles pour les Collectivités territoriales tandis qu’elles sont passées à 435 millions FCFA en 2020 soit une hausse de 148,9%.
« Cette performance s’explique par la stabilité des systèmes de taxes appliquées dans les marchés à bétail », a précisé Cédric Touquet, responsable des programmes Afrique à Acting For Life.
Par ailleurs, les restrictions sécuritaires imposées par les Etats suite à la pandémie du Covid 19 ont impacté la collecte des taxes dans le premier semestre de 2021. Parmi ces restrictions sécuritaires, l’on note entre autres la fermeture des frontières et portes d’entrée des bétails, la suspension de la campagne de transhumance, des réformes visant la promotion du ranching surtout dans les pays d’accueil.
Rappelons que la construction d’un marché à bétail est le fruit d’une concertation avec les collectivités locales lorsque la terre appartient aux individus. Dans le cas contraire, c’est la mairie qui s’en charge.
Inclusion sociale et rapport de bon voisinage
L’animation des marchés à bétail crée l’émergence de plusieurs activités connexes à la filière. Vente de produits dérivés du bétail, transport, vente des aliments à bétail, etc permettent à plusieurs personnes de mener une activité génératrice de revenus. Il y a une prospérité des activités économiques notamment celles des femmes qui vendent à manger ; la disponibilité des déjections d’animaux pour la fertilisation des champs, l’abondance du lait frais à moindre coût. La possibilité d’acheter des reproducteurs sahéliens (bovins ou petits ruminants) de grande qualité génétique pour améliorer les races locales, et la disponibilité de viande fraîche de bonne qualité et à un moindre coût.
Autour des marchés à bétail, les rapports de bon voisinage se développent et deviennent des rapports de confiance. Si la zone est bien pourvue en eau et en pâturages, les éleveurs ne la quittent plus et décident d’y rester définitivement, a expliqué Jean Yatombo, président de l’ONG GEVAPAF dans la région des Savanes au Togo. Cette pratique est très fréquemment rencontrée dans des zones d’accueil.
En dehors des relations de bon voisinage, la bonne santé financière des marchés à bétail arrimée à la vitalité du comité de gestion renforcent la cohésion sociale au sein des communautés. Cela a permis la construction d’un bâtiment scolaire dans la localité de Cinkassé (nord du Togo) pour renforcer les capacités d’accueil de l’établissement mais offrir aussi un cadre d’apprentissage plus moderne aux élèves.
Le potentiel économique des marchés à bétail peut exploser si les capacités des acteurs clefs de la filière au niveau transfrontalier sont renforcées ; l’accès aux ressources, aux marchés transfrontaliers est amélioré et géré durablement ; un ancrage intercollectivité autour de la filière est développé et fonctionnel.

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